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Qui était mon père ? Un homme doux, mystérieux, sans pitié. J'ai passé mon enfance auprès d'un inconnu que j'aimais, admirais, dérangeais. Je m'étais trompé de famille, disait-il avec ironie, comme s'il regrettait de m'avoir engendré. Cette phrase me blessait. Moi qui voulais seulement devenir ce qu'il était ou personne : avoir ses yeux bleus, ses mains, sa taille de géant, son talent. Il est parti en emportant ses secrets, presque tous. Mon père détestait 'l'automobile', sa bête noire, un progrès devenu fléau. Il n'avait pas le permis de conduire, évidemment non ! Il traversait l'existence à pied. Un homme aux semelles de vent, comme dit l'autre, un père aux dix mille horizons. Marcher, c'est être libre, expliquait-il à ses enfants, la marche ne doit d'allégeance à aucun seigneur. Qui l'aime le suive : on marchait sur ses pas, lui toujours en avant d'une foulée. Entendait-il protester, la foulée s'allongeait. Tout en marchant, il s'adressait au monde entier qui venait à sa rencontre, aux arbres, aux animaux, aux frères humains. Une fois par semaine, aussi rituellement qu'il allait à la messe, il partait se ressourcer en forêt. L'été, les randonnées se faisaient croisières terrestres avec Rolf, son ami d'enfance, grand marcheur suédois. Le Paris-Brest les emmenait à Laval, et leurs grands pieds avides au bord de l'océan, via les monts, les forêts et les grèves. Cette longue marche vers l'Ouest d'Henri Queffélec, j'ai souhaité la refaire. Pour aller sur ses traces en marchant, en écrivant. Pour le connaître enfin.'