LA DEDICACE DE L'AUTEUR : Cher ami lecteur, Vous vous êtes pressé. La vie vous a bousculé en ce jour. Reprenez votre souffle et entendez mes conseils, si vous désirez échapper à une pareille fébrilité et donner sa place à la lenteur. Un repas de fête exige bien des précautions. Il nous faut le humer avant de prendre place à table, le savourer, les papilles vigilantes, percevoir ce qu'il comporte de singulier, l'honorer par notre tenue. Le bâcler, ce serait une forme d'impolitesse à l'égard de ceux qui nous invitèrent. J'aimerais que de la même manière nous rendions hommage à tout ce que le monde a la bonté de nous offrir : un sourire, un geste amical, une façade ensoleillée, l'intransigeance d'un à pic, les ressacs millénaires de l'océan. Ne pas nous attarder auprès d'eux quand nous en avons le temps, c'est une marque scandaleuse d'ingratitude. Je prendrai une seconde illustration qui concernerait notre approche d'une ville. Il nous faut l'apprivoiser, attendre qu'elle veuille bien de nous, revenir sur nos pas car tant de détails qui ne sont pas des détails nous ont échappé. Malheur aux touristes pressés qui croient tout connaître en quelques heures de villes comme Lyon - ou Marseille ! L'essentiel nous désarme et parfois il nous laisse désarmés, mais jamais il ne nous bouscule et il ne veut pas que nous l'empoignions. Mais trêve de préalables, précipitez-vous vite sur 'Du bon usage de la lenteur'. (Pierre Sansot)