Chez Irène Frain, la vengeance est un plat qui se mange en riant. Pas dupe des tocades ridicules de son héroÎne ensorcelée par les produits de consommation, elle décline son histoire de Bridget Jones à la française, entre le roman-photo, la métaphore argotique et la bande dessinée, en 'déconnant' sur deux fronts. D'une part, effervescence d'onomatopées ... D'autre part, dérision d'une utilisation gamine de l'ordinateur qui s'initie aux filets minces, mi-gras ou double-gras, octroie un effet d'affiche à certaines pages du roman en insérant des phrases en corps plus ou moins gros, en caractères plus ou moins ludiques, helvetica, rockwell... 'Il va, me le pppppp-ay-ER-ER !' ose-t-elle. Ode à l'invention verbale, cette mise en boîte des 'louftingueries' contemporaines, de la façon dont un certain type d'écriture incongrue parasite un texte, constitue un divertissement inattendu. Voici le roman de la guerre des sexes. Dans ce monde presque exclusivement voué à la jouissance immédiate, une femme en mal d'amour se jette à son tour dans le grand supermarché des corps. Torturée par une libido si impérieuse qu'elle l'a surnommée ' le crocodile ', elle se lance vaillamment à l'assaut de la tribu adverse. Mais lorsqu'elle accepte de suivre en Islande le flamboyant et retors Vassili, elle y rencontre une conquérante bien plus experte qu'elle : Slash, dite la Libellule. Toute la frénésie de la modernité déferle à nouveau sur sa vie. Féroce observatrice des louftin-gueries de la société contemporaine, Irène Frain livre ici, avec un extraordinaire brio romanesque et dans un immense éclat de rire, une des plus décapantes analyses de nos comportements amoureux. Le monde selon Frain...