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Cette biographie est la meilleure façon de commencer le nouveau millénaire avec la mémoire et avec l'espérance. Jean Lacouture, le prolixe témoin des guerres coloniales et l'ardent biographe des grands de ce monde (de Gaulle et Mitterrand, en particulier), s'est fait tout petit devant Germaine Tillion et ses 93 ans énergiques. Son admiration, de longue date, se lit ici dans une belle sobriété : le vieux journaliste s'incline, s'efface devant la vraie générosité. La vie, l'oeuvre et l'extraordinaire expérience humaine de Germaine Tillion forcent en effet le respect. Dans les années 30, elle est jeune ethnographe auprès des paysans de l'Aurès, résistante dès 1940 dans le réseau dit 'du musée de l'Homme', déportée à RavensbrÜck oü sa vie bascule. Témoigner, comprendre, agir en vigilance : une oeuvre d'ethnographe inlassable qui la mène partout oü il faut analyser et combattre les systèmes qui écrasent les hommes. Le nazisme, le goulag soviétique, la torture en Algérie seront ses combats. Et l'Algérie, avant et pendant la guerre d'Indépendance, est jusqu'à aujourd'hui, son constant souci. De cet itinéraire exemplaire, toujours juste, jamais fondé sur une quelconque idéologie, on retiendra, avec Jean Lacouture, une simple clef : 'On ne rend pas justice à Germaine Tillion, écrit-il, ce 'roc', si on l'enferme dans le stoÎque ou le sublime. Toujours, chez elle, et jusque dans les étouffantes ténèbres de la répression, on entend jaillir le rire de la vraie vie.' Madame Tillion, le siècle vous remercie d'exister.
Biographe infatigable du XXe siècle, Jean Lacouture ne pouvait éviter la figure discrète et héroÎque de Germaine Tillion. Le parcours de cette intellectuelle résolument engagée dans l'action manifeste, plus qu'aucun autre, un souci continu d'ouverture et de compréhension de l'autre, malgré les vicissitudes et les horreurs de l'histoire.
Qu'on en juge par ses engagements. L'ethnologie, d'abord : pionnière en la matière au même titre que son contemporain Claude Levi-Strauss, elle s'embarque dès 1934 pour l'Algérie afin d'étudier les populations berbères ; ses travaux postérieurs sur la condition féminine dans le bassin méditerranéen font d'ailleurs autorité. La Résistance, ensuite, dont elle anime dès juin 1940 l'un des principaux réseaux de renseignements, avant d'être déportée en octobre 1943 - expérience dont elle tire un des ouvrages majeurs sur l'univers concentrationnaire, RavensbrÜck. L'Algérie, enfin : pendant la guerre d'Indépendance, elle vit en première ligne l'effondrement du colonialisme, tout en dénonçant à la fois la torture des militaires français et le terrorisme des combattants algériens.
Avec le brio et le talent qu'on lui connaît, Jean Lacouture raconte avec respect et admiration la vie tumultueuse d'une grande dame qu'il avait déjà interrogée dans La Traversée du mal. Un regret toutefois : l'absence de photos. Complément indispensable à cette biographie de Germaine Tillion : Il était une fois l'ethnographie. --Sylvain Lefort