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Or, s'il n'est pas faux que le pouvoir puisse abîmer un homme, lui dérégler le caractère ou l'inciter à des compromissions, le contraire est tout aussi vrai : ce même pouvoir peut l'améliorer, cet homme, le transformer mais en bien, faire apparaître des vertus, des qualités, un courage qu'on ne lui soupçonnait pas, bref il peut aussi bien le hisser jusqu'au plus haut de lui-même. C'est, dans ce roman, la trajectoire de Rudolf Malcar. Au départ, il n'est rien. Rien que l'amant de Frieda avec qui il traîne son oisiveté de boîte de nuit en boîte de nuit. À l'arrivée, il sera devenu un homme d'État et il en aura la carrure, la rigueur. Tels peuvent être les effets du pouvoir. Du pays oü cela se passent, Félicien Marceau n'a pas donné le nom. Curieusement, c'est cet anonymat qui donne à ce pays sa réalité entière, tant il est vrai que les mots existent autant que les choses, et peut-être même plus ; tant il est vrai que, pour cerner la réalité, rien ne vaut le roman ; tant il est vrai enfin que l'imagination est une science exacte.